A partir du camp de 1975, au Lauzet de La Roche-de-Rame, les campeurs de la Maison du Lycéen de Grenoble (M. D. L.) ont dressé des stèles sur chaque nouveau site de camp. A bien considérer la définition officielle des dictionnaires, nos stèles ne sont pas des stèles : elles ne sont pas monolithiques, et ne comportent pas d'inscriptions. Mais quel autre nom donner à nos petites constructions ? Menhir conviendrait encore moins, oratoire ou monument serait beaucoup trop pompeux. Nous continuerons donc à par1er de stèles.

Nos stèles furent construites sous un coin de ciel changeant, mais pur, avec les matériaux du coin, les pierres du ruisseau ou de la falaise, avec un peu de ciment et de sable venus, comme nous, de plus loin. Elles furent bâties par des jeunes gens qui ont vécu dans le coin avec joie et foi. Nos séjours étaient assez longs pour que nous fussions pénétrés de l'air du lieu, acclimatés, dépouillés d'une bonne partie de nos soucis ordinaires, unis en équipes solides, élevés par l'esprit du lieu, par l'Esprit de Dieu. Nos stèles restent le signe de l'union de la nature et de la culture, union tendue vers le ciel.

Ce recueil nous invite au souvenir, mais au souvenir actif : le regard sur les photos et les cartes peut raviver la mémoire, peut faciliter le retour vers les lieux de camp. Mais ce recueil nous invite aussi à redevenir ou à demeurer des bâtisseurs de stèles là où nous vivons : stèles intérieures surtout, si nous pouvons être au milieu des hommes qui nous entourent, en toute modestie, des signes d'élévation.

Ce recueil enfin a été préparé par Yves Moulin, chef de camp sous l'autorité duquel l'idée de construire des stèles a jailli, d'après une idée conjointe, je crois entre le Père de Vallée et Bemard Coutin : Yves était donc le mieux à même de nous les présenter. Mais je suis témoin que la préparation de ce livret lui a demandé un travail long et important. Qu'il en soit donc remercié.


Bernard Berthier