L’École de la paix
Par Denis Denjean 1

Ecole de la paix

1- Historique

Dès 1979, avec la création du Comité Dauphinois de Secours aux Réfugiés du Sud-Est Asiatique pour faire face à l’afflux des réfugiés cambodgiens, se fait jour une réflexion sur les éléments d’un processus de construction de la paix en lien avec l’action humanitaire. Cette réflexion est reprise ensuite dans les travaux du Conseil Pastoral de Saint Joseph, à Grenoble, après un appel des évêques en faveur de la paix. En 1985, un collectif d’associations “Tous ensemble pour la paix” se crée à Grenoble autour de l’idée que « la paix n’est pas une abstraction, mais se construit sur des terrains variés et avec des partenaires multiples ».

 

La chute du mur de Berlin en 1989 marque la fin de la guerre froide et ouvre de nouveaux espoirs à la construction de la paix. Avec l’aide du Maire de Grenoble, une association loi 1901 “Les amis d’une École de la paix à Grenoble” se constitue avec la mission de « promouvoir la création d’une École de la paix, qui soit un espace d’échanges, d’enseignement, de recherche et d’information du public, ouvert à tous et caractérisé par la tolérance et la laïcité, sur les conditions et les facteurs d’une évolution du monde vers la paix. » Enfin en 1998, grâce au soutien effectif de la ville de Grenoble et avec le parrainage du CCFD (Comité catholique contre la Faim et pour le Développement), de la FOL (Fédération des Œuvres Laïques), de la FPH (Fondation pour le Progrès de l’Homme), de la ville de Meylan, de Médecins du Monde, l’École de la paix ouvre officiellement dans ses nouveaux locaux, rue Très-Cloîtres, avec le même objectif d’éducation au vivre ensemble.

Ce lent cheminement n’a pu exister que grâce à la ténacité et à la foi de pionniers courageux : Richard Pétris 2 d’abord, actuel Directeur de l’École et son véritable fondateur, Raymond Charvet, Président combatif des “Amis d’une École de la paix”, Jean-Noël Guerry 3 aux finances, Philippe Mazzoni 4, premier et fidèle collaborateur de l’École, Catherine Rouhier, à l’origine de tous les outils pédagogiques, et tant d’autres qui se sont succédé à la tâche et ont fait de l’École ce qu’elle est aujourd’hui.

2 - Philosophie

D’accord avec l’Acte constitutif de l’UNESCO qui déclare que « les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix », l’École de la paix ( EDP ) vise à développer et à promouvoir par l’éducation une culture de la paix. Il ne s’agit pas d’atteindre un but utopique, mais de travailler à changer progressivement les mentalités, qui en restent trop souvent à une culture du conflit, en instaurant des valeurs de tolérance, de respect de l’autre, d’engagement et de dialogue. Dans ce but, l’EDP s’appuie sur des outils pédagogiques qu’elle destine au plus grand nombre, à Grenoble et dans le monde entier, partout où le besoin et l’urgence les nécessitent. En vue d’accroître son efficacité, l’EDP travaille en réseaux et noue des partenariats avec ceux qui œuvrent dans le même sens. C’est pourquoi elle est aconfessionnelle et apolitique, pour la défense des droits de l’homme et la démocratie.

3 - L’École aujourd’hui

L’EDP, c’est une association loi 1901 avec

- un conseil d’administration (22 membres) et un bureau (8 membres) ;

- 8 salariés, soit 5 équivalents temps plein ;

- 250 adhérents à peu près à jour de leur cotisation ;

- 30 bénévoles plus ou moins actifs ;

- 400 000 euros de budget annuel.

4 - Fonctionnement

Pédagogie

- D’abord concevoir et réaliser des outils pédagogiques qui répondent aux besoins ressentis dans la société. Le premier qui a beaucoup contribué à notre notoriété, “Le sentier de la guerre ou comment l’éviter”, s’adresse aux jeunes de 10 à 14 ans. Conçu sur un mode interactif, il invite le jeune à un retour sur soi et ses comportements. Dans le même esprit, pour les enfants du primaire, la malle “J’y vais, j’y vais pas”. D’autres outils sur les comportements sexistes, sur le respect de la loi, etc.

- Proposer et faire circuler ces outils dans les institutions éducatives : par exemple une convention avec le Conseil Général de l’Isère nous permet d’exposer “Le sentier...” dans 16 collèges de l’Isère chaque année.

- Assurer des formations à la demande, soit d’établissements scolaires, soit de centres sociaux, soit d’entreprises, ou autres.



Médiation et solidarité

En lien avec des partenaires locaux, nous intervenons dans des pays en conflit ou sortie de conflit et mettons à leur disposition nos outils et une formation à ces outils. Ainsi “Le sentier...” a été adapté au Rwanda, en Algérie avec traduction en arabe. La Colombie a adapté la malle “J’y vais, j’y vais pas”, traduite en espagnol et reproduite à cinquante exemplaires. En partenariat avec la CIMADE, nous mettons au point actuellement un programme de création d’un centre de formation pour la paix à Brazzaville.



Recherche

À partir d’enquêtes de terrain, de missions, de rencontres et d’échanges d’informations, des travaux de recherche permettent des avancées, la culture de paix nécessite une réflexion permanente sur le dialogue des cultures, le développement durable, les droits de la personne et l’édification de la démocratie. Quelques thèmes : définition d’“indicateurs de paix”, analyse des résistances civiles, les militaires et la paix, conversion des industries d’armement, etc.



Documentation

Un centre documentaire ouvert au public propose des pistes et des parcours sur des thèmes et des institutions touchant à la construction de la paix : armement, éducation, géopolitique, etc.

Heureux ceux qui font œuvre de paix :
ils seront appelés fils de Dieu (Mt V, 9).

5 - Les fruits

Comme tout enseignant, l’EDP sème la bonne parole, le retour n’est pas forcément immédiat.

Cependant, on peut déjà faire état de résultats tangibles :

- 20 000 jeunes voient chaque année l’exposition “Le sentier...” Les évaluations faites par les professeurs sont très positives et incitent le Conseil Général à renouveler le contrat chaque année.

- 25 à 30 stagiaires viennent chaque année se former chez nous au cours de stages diplômants (IEP, master humanitaire et social, santé...).

- Un certain nombre d’interventions sur le terrain ont été couronnées de succès (problème de bouc émissaire, conflits entre élèves, discriminations...).

- La confiance qui nous est témoignée et l’accroissement des demandes qui nous arrivent — par Internet aussi — sont le signe qu’une certaine efficacité nous est enfin reconnue.

6 - Les partenaires

L’EDP est seule dans son genre en France, hélas ! Nous avons créé, il y a quelques années une antenne à Metz et nous travaillons à en créer une autre à Paris, mais il faut pour cela des bénévoles motivés et de l’argent, les deux sont rares.

Il y a une école de la paix à Boves en Italie près de Turin, mais sa structure est municipale et bien différente de la nôtre.

Nous travaillons avec des partenaires en fonction des projets, principalement avec les membres fondateurs de l’École : CCFD, MDM, FPH, etc. À l’étranger nous nous appuyons toujours sur une organisation locale, le CINEP (Centre de recherche et d’éducation populaire) en Colombie, UMUSEKE au Rwanda par exemple.

Les collectivités territoriales — ville, conseil général, conseil régional, conseil européen — participent financièrement à certaines de nos actions, mais leur soutien est aléatoire.

7 - L’avenir

Le projet actuel est de négocier avec le Conseil Régional Rhônes-Alpes une convention d’objectif pour une durée de trois ans renouvelable, ce qui serait un grand pas vers une institutionnalisation de l’EDP avec une garantie de ressources assurée.

D’autre part, l’EDP devra davantage s’ouvrir au monde de l’entreprise, dont la responsabilité sociale apparaît de plus en plus incontournable, et proposer à son personnel les stages de formation dont elle a besoin.

Enfin, dans le but d’alléger ses charges de fonctionnement, l’EDP devra se résoudre à externaliser certaines de ses missions, dans le domaine de la recherche notamment. Elle devra aussi s’appuyer davantage sur l’apport de bénévoles, qu’elle aura préalablement formés.

8 - Les Cambusards 5

Ils auront à coeur de mieux connaître l’EDP, de la faire connaître autour d’eux et de se mobiliser pour sa réussite en pratiquant dans leur vie les valeurs qui guident son action. S’ils sont convaincus que l’EDP n’est pas une utopie, mais qu’elle travaille à rendre possible le vivre ensemble hic et nunc dans nos sociétés, ils devront alors devenir adhérents de l’École et agir. S’ils habitent la région grenobloise, ils peuvent participer à nos travaux et valoriser ainsi leurs compétences, les uns et les autres peuvent enfin soutenir l’Ecole de leurs dons .

La paix, c’est à chacun de nous de la construire, mais ensemble.

Denis Denjean (Grenoble - 38)

 

L’école de la violence

Un nouveau massacre dans un campus américain : le lundi 16 avril dernier, un étudiant ulcéré tue un grand nombre d’autres étudiants dans une salle de classe de l’Université de Blacksburg en Virginie. Quand on observe cela de la vieille Europe, on accuse aussitôt le goût pour les armes qu’ont ces anciens cow-boys d’outre-Atlantique, et l’influence du lobby de la National Rifle Association.

Quelle n’a pas été notre surprise en écoutant un petit reportage diffusé dans un Journal TV quelques jours plus tard : dans je ne sais plus quel état américain, la réponse à la violence par armes à feu a été l’encouragement du port d’armes par tous les étudiants, pour qui le révolver fait maintenant partie de la panoplie scolaire, et par les professeurs, qu’on a vus s’entraîner, en début d’année (par anticipation !), au maniement du révolver.

Bien sûr, notre ami cambusard Philippe Bruno, vivant en Virginie (encore vivant, j’espère) nous dira de ne pas généraliser : les États ont des législations très variables.

À quand cependant une École de la paix aux Etats-Unis ?

 

Excuses à Richard Pétris

Richard Pétris avait accepté de nous présenter son point de vue et de nous dire par quels chemins il en était venu à travailler pour l’École de la paix, dont il est le Directeur.

J’étais en train de travailler à la mise en page de son texte quand un coup de foudre assassin a pétrifié sous mes yeux le texte de Richard Pétris, que je n’ai pas pu récupérer à ce jour, pas plus que son adresse électronique.

Son texte sera donc publié dans six mois.

 

 

 

Coordonnées de l’École de la paix

 

7, rue Très-Cloîtres

38000 Grenoble

tél : 00 33 (0)4 76 63 81 41

fax : 00 33 (0)4 76 63 81 42

Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

www.ecoledelapaix.org

 

L’École de la paix est une association loi 1901.

Cotisation minimales : étudiant, chômeur, 10€. Individuel : 30€. Couple : 50€. Etc.

L’École publie une lettre trimestrielle qu’elle adresse à ses adhérents. (Ndlr).

 

1Denis Denjean, Président de l’association « École de la Paix ». Ancien professeur de Lettres classiques, qui a fait toute sa carrière à Champollion, Denis Denjean a déjà contribué à La Cambuse (n°15 d’octobre 2001) en évoquant le Club Unesco qu’il avait lancé au lycée Champollion. Il enseigne aussi le grec pour la lecture du Nouveau Testament au Centre Théologique de Meylan. Ndlr.

2Cambusard en tant que “locataire” à la MDL-Gambetta de 1988 à 1994. Ndlr.

3Ami cambusard décédé en 2002. Cf. La Cambuse n°16 d’avril 2002, page 29. Son activité de trésorier de l’école de la paix y est évoquée. Ndlr.

4Cambusard et Mousqueton bien connu… Ndlr.

5C’est la rédaction de La Cambuse, qui, en demandant cet article à Denis Denjean, lui a suggéré de répondre à la question : « Que peuvent faire les Cambusards en faveur de l’École de la Paix ? » Les notes ci-dessus montrent que plusieurs Cambusards ont déjà joué ou jouent encore un grand rôle dans l’entreprise. Ndlr.