- in La Cambuse n°8, avril 1998 -

 

Notre numéro précédent lançait un vaste débat sur un problème qui nous touche tous, de sept à soixante-dix-sept ans, et même avant, la contraception. Pour éclairer notre lanterne, notre ami cambusard, le fameux Doc Zonpi, a bien voulu accorder un entretien à notre journaliste spécialisé, B. Berthier.

 

Doc Zonpi : Ah, soyez le bienvenu, cher ami de The Lancet !

La Cambuse : Excusez-moi, maître, je ne viens que de la part de La Cambuse… Vous deviez nous donner des informations éclairées sur la contraception…

Doc Zonpi : Vous avez raison de vous adresser à un pneumologue. Je vous rappelle, entre parenthèses, que je suis the spécialiste à la fois de la transplantation des lobes supérieur du poumon gauche chez la femme ménopausée, et de la bronchite chronique asthmatiforme chez les poètes du sud de la Bourgogne… Je viens d’envoyer sur ce dernier sujet un article à l’American Journal of Phtisiology et je vous en parlerais volontiers…

LC : Avec le plus grand plaisir, mais la contraception urge, ô Puits de science…

Doc Zonpi : La contraception, donc. On ne peut en parler sans évoquer d’abord la conception, bien sûr ! Trop de gens ignorent qu’il n’est pas facile de concevoir des enfants : la baisse drastique de la natalité dans nos pays occidentaux prouve que l’allongement de la durée des études s’accompagne ipso facto d’un raccourcissement de l’organe viril, chez le mâle, évidemment. Quand le canon est court, la portée est petite, pas vrai ? Je ne saurais donc trop recommander à vos lecteurs désireux de trouver le meilleur mode de contraception, de se replonger dans la lecture d’un vieux manuel scolaire en se mettant au lit ; en plus de l’effet physiologique susdit, s’en suivra une baisse de la libido et un passage indolore dans un sommeil qui préviendra les tentatives d’accomplissement du devoir conjugal et peut-être même les extraconjugalipettes.

LC : La lecture de la Bible, chère à nos abonnés, peut-elle jouer le même rôle ?

Doc Zonpi : Oui, mais en ayant soin de sauter — pardon, d’omettre Le Cantique des Cantiques… À propos de Bible, la Genèse nous présente l’ingénieux personnage d’Onan, qui refusait de faire un enfant à sa légitime, avec une méthode bien à lui, et que je n’ose vous recommander : l’auto-érotisme frénétique — il se masturbait toute la journée ! D’où son nom, venu de l’expression : “ On n’en peut plus ”. Mais c’est une technique valable seulement pour les sauvages d’avant l’invention des livres et de l’électricité…

LC : Ô maître, pensez-vous que les électrochocs…

Doc Zonpi : Il ne s’agit pas de cela ! Je veux parler du slip à résistances. Les docteurs Popol et Bijoux avaient montré (dans la British Review for Cooking and Pastry) qu’en pasteurisant le tarama, puis en le répandant dans un bassin piscicole, on obtenait un accroissement du poids des cabillauds et non de leur nombre… Il est probable que les résultats seraient identiques avec du caviar, mais le ministère leur a refusé des crédits de recherche. Les docteurs Groslar et Tatin, reprenant leur idée, ont mis au point un slip chauffant, pour hommes, évidemment ; pour femmes, le résultat serait… Bref, en réglant le thermostat sur 39°, la vitalité des spermatozoïdes baisse déjà de 50% ; à 41°, il n’en reste plus que 5% qui ont encore l’œil vif ; à 43° seulement, le scrotum commence à se recroqueviller : il faut débrancher le patient.

LC : Vous croyez que cette méthode contraceptive sera approuvée par le pape ? Et que faire pour les Mousquetons qui sont privés d’électricité et se les gèlent à 1800 mètres d’altitude ?

Doc Zonpi : Le pape ne peut pas se plaindre d’une méthode somme toute naturelle, qui n’empêche pas le déversement d’un éjaculat — il est vrai un tant soit peu aseptisé — dans le vase naturel. Mais il n’y a pas mort d’œuf, ni jeu dangereux avec les hormones, ni mise en place d’une espèce de sac Carrefour au cœur, si j’ose dire, de l’intimité. Les droits de l’ohm sont respectés. Autre avantage : le virus du sida craint aussi la chaleur. Quant à nos amis les Mousquetons, à quoi leur sert leur feu de camp ? Évidemment, le réglage du thermostat est un peu plus délicat…

Il leur reste alors la méthode Billings…

LC : L’Abbé Tod-Millings ?…

Doc Zonpi : Il suffit de se pencher sur l’abîme avec une lampe de poche, ou d’y mettre le doigt et de lécher le miel qu’on en retire. À l’aspect, au goût, on peut repérer si la fumelle est fécondable ou non.

LC : Cette méthode Bill X est-elle fiable ?

Doc Zonpi : Extrêmement : elle permet de n’avoir qu’un enfant par an.

LC : Merci, Doc Zonpi.

 

Bernard Berthier, alias Castor, moniteur de 1970 à 1977