- in La Cambuse n°7, octobre 1997 -
Pour compléter nos articles sur la montagne dans le numéro d’avril, notre ami cambusard, le fameux docteur Zonpi (docteur en médecine, docteur ès sciences...), a bien voulu accorder à B. Berthier, de notre rédaction, l’interview que voici.
Docteur Zonpi : Ah, c’est vous qui venez de la part de The Lancet !
La Cambuse : Euh ! Non, nous, c’est de la part de La Cambuse... Maître, pouvez-vous nous parler des réactions physiologiques de l’être humain des plaines quand il monte en altitude ?
Doc Zonpi : Distinguo. Il y a les patients qui montent pour une journée de détente ; il y a ceux qui passent leurs vacances en montagne ; il y a ceux qui décident de ne plus redescendre...
LC : Étudions-les cas par cas, Éminence...
Doc Zonpi : Oui ! Pour tous, on constate un allègement de la colonne d’air pesant sur l’axis et sur l’atlas : un redressement de la colonne vertébrale en serait induit, si cet allègement n’était contrecarré par la nécessité de regarder constamment où l’on met les pieds, dans les terrains en pente que l’on rencontre fréquemment en montagne. D’où une tendance à se voûter : ce point, très controversé, a été définitivement établi dans The Lancet.
LC : Mandarin céleste, vos explications sont lumineuses. Y a-t-il d’autres phénomènes généraux ?
Doc Zonpi : Ceux qui ne montent que pour un jour n’ont pas le temps de s’adapter. Leur foie, comme je l’ai écrit dans The Lancet, en subit un contrecoup et fabrique un excès de lactates qui en cas d’hypoxie...
LC : Quel abîme de science ! Mais c’est trop technique pour nos lecteurs. Et ceux qui restent plusieurs jours ? C’est cela qui intéresse nos Mousquetons.
Doc Zonpi : S’ils rencontrent de la neige, on peut envisager une augmentation du taux des globules blancs. S’ils fréquentent les alpages, on constatera une augmentation des globules verts, récemment mis en évidence par les docteurs Piolay et Grandpont (cf. The Lancet). Cela s’appelle l’acclimatation colorée. Quant à la peau, elle a tendance à rougir, du fait de l’apport des globules rouges plus nombreux dans le spectre solaire au-dessus de 1500 mètres.
LC : Permettez-nous, ô Maître vénéré, une dernière question... Euh ! Y a-t-il une influence de la montagne sur la sexualité ?
Doc Zonpi : Oui ! elle tient au mimétisme animal. Par certains côtés, nous demeurons des animaux. Comment un paysage de pics, de pointes, de brecs et pour le moins de mamelons pourrait-il ne pas avoir, par émulation, une vertu érectile sur le sujet mâle tout comme sur la femelle ?
LC : Merci, Doc Zonpi !
Bernard Berthier, alias Castor, moniteur de 1970 à 1977