Entretien avec Georges CHELON

La Cambuse : — Georges Chelon, vous êtes né à Marseille en 1943. Votre famille est venue s’installer à Grenoble quand vous aviez cinq ans. Un ou deux ans plus tard, lors de grandes vacances, vos parents vous mettent dans le train, votre sœur aînée et vous, et au retour, trois semaines après, vous ne trouvez plus que votre mère sur le quai. Votre père a abandonné sa famille. C’est votre malheur originel, nous y reviendrons, et en même temps c’est l’origine de la chanson qui accompagne toute votre carrière, Père prodigue. Mais peut-on parler à votre sujet d’une carrière ?

Georges Chelon : — J’ai eu un succès très rapide et pour moi inattendu. En 1964, je grattais ma guitare. Un ami et ma mère m’ont encouragé à me présenter à un radio-crochet à Grenoble. J’ai gagné, et la récompense était l’édition d’un disque et un séjour d’un an à Paris. Je montais donc à Paris, et je n’y ai pas été très heureux, à cause de la solitude. Mais ma carrière débutait très bien. Vers 1965 ou 1966, j’étais en tête des hit-parade, et mon nom sur les affiches était au-dessus de ceux de Brel ou de Brassens… J’ai obtenu le grand prix du disque en 1966.

La roche Tarpéienne est près du Capitole

Mais j’ai mal franchi le cap de mai 1968 et des années qui ont suivi : il fallait être de gauche, et je ne l’étais pas ; je restais « romantique ». Je plaisais aux étudiants d’avant 1968, mais pour ceux d’après 1968 le social primait. Et puis c’était l’époque de la bande, de Fugain, et surtout il y a eu une ouverture aux modes musicales venues d’ailleurs. Sans parler d’un mauvais coup que m’ont fait, à Bobino en 1968, les fans de Serge Lama, qui passait en première partie : ils avaient occupé les premiers rangs, et ont quitté la salle au moment de mon tour de chant ! Je suis donc tombé dans l’oubli. À un moment même, entre 1970 et 1974, je me suis retrouvé très bas : je travaillais dans les grandes surfaces avec une petite sono… Lederman et Johnny Stark m’ont proposé de me modeler pour me vendre. J’ai refusé : je ne suis pas carriériste, et je n’ai jamais essayé de me plier à quelque chose pour être star.

Mais je n’ai pas désespéré. J’étais content de me battre plutôt que tout fût acquis.

D’ailleurs, des gens m’ont aidé, comme Barclay. Les directeurs artistiques ne m’ont jamais éreinté. Malgré tout, j’avais bonne presse dans les maisons de disques.

Je retrouve aujourd’hui mon public, le même, qui vieillit avec moi 1. C’est comme pour Sardou ou Adamo, mais moi, mon public est plus restreint. Ce n’est pas dur de vivre pour autant. Je peux faire n’importe quoi, je n’ai pas de cote à tenir.

La Cambuse : — Avez-vous fait le choix des petites salles, comme ce Grenier de la Chanson à Grenoble ?

Georges Chelon : — Non, on joue dans tous les lieux que l’on trouve, parce qu’on ne peut pas faire autrement. Mais je passe aussi à l’Olympia. Quand on a deux mille personnes au lieu de cinquante, il se passe autre chose. Je n’ai donc pas fait le choix de l’intimité ; j’accepte tous les contrats à tous les prix, à la différence d’autres confrères. Mais ne pas être vedette, ça s’adapte tout de même à mon caractère. D’ailleurs, je n’ai pas ce qu’il faut pour passer à la radio. Par exemple, RTL, qui voudrait me sponsoriser, ne le peut pas, parce que je n’ai pas d’affiches, parce qu’une campagne d’affiches, ça coûte très cher ! Lama loue l’Olympia pour 100000F. Moi, je n’ai pas d’argent, et c’est une affaire d’argent ! C’est un métier de fric, mais on peut le faire par amour. Je le pratique en dilettante, en auteur. Je suis un artisan heureux. Je n’ai pas de popularité à assumer.

La Cambuse : — Peut-on revenir en arrière, à l’époque de vos études à Grenoble ?

Deux spectacles de Georges Chelon

 

Nous avons assisté à deux concerts. L’un au Grenier de la Table Ronde à Grenoble, le 4 décembre 1999. Chelon nous a gentiment accueillis à sa table entre ses deux prestations. Durant trois jours et quatre concerts, Chelon a fait le plein d’une salle de cinquante à soixante places. L’autre, le 16 février dernier, à l’Atrium de Tassin-la-Demi-Lune, en compagnie de près de quatre cents spectateurs.

Chelon est accompagné d’un seul musicien, Pierre-Louis Cas, dit Pilou, à qui est dédiée une jolie chanson éponyme qui met en valeur le musicien et son saxo plein de rythmes de jazz. Pilou joue et commande à la fois, au saxo ou à la clarinette, plusieurs synthétiseurs, qui font de lui un homme orchestre, tandis que Chelon joue de la guitare pour accompagner la plupart de ses chansons.

Le technicien Bruno Scélandre règle, seul ou avec le personnel de la salle, la sono et les éclairages.

À l’Atrium, Chelon était aussi entouré, en coulisse, de son producteur, Christian Jaume, qui s’occupe aussi des intérêts de Nicole Rieu et de Pierre Perret.

Aux deux spectacles était aussi présente une amie de Chelon, Jane Champeyrache, enseignante et amoureuse de la poésie de Georges Chelon ; elle promeut avec conviction le chanteur-poète dans les établissements scolaires.

 

B.B. & G.L.H.

L’amour du foot

Je n’ai guère de souvenirs de Champollion et de mes profs. J’ai eu Pittion en musique. J’étais très scolaire. Je travaillais pour les profs. Après, j’ai fait sciences-po à la suggestion d’un copain. Mais c’était un très mauvais choix. Je n’étais pas fait pour cela. Mais j’avais une grande liberté à Sciences-Po. Je lisais l’Équipe ! Si vous voulez tout savoir, c’est le foot qui m’a sauvé ! À Champollion, j’ai voulu être demi-pensionnaire pour jouer au foot à la récréation ! Et c’est cela, l’essentiel de mes souvenirs de Champollion. Je joue encore au foot le mardi soir, chez moi, à Barbizon, avec les copains. Mais j’ai mal partout, après ! C’est une vraie catastrophe : on imagine le geste qu’il faudrait faire, et on n’y arrive pas !

La Cambuse : — Champollion, en somme, ne vous a pas beaucoup marqué. Cependant, en écoutant vos chansons, on voit que vous savez manier habilement les idées et les mots, mais on constate aussi d’emblée l’importance de votre culture biblique. D’ailleurs, vous inversez toujours le propos du texte sacré. Vous faites mauvais accueil au Père prodigue, pour qui on ne tuera pas le veau gras. Vos héros préférés sont les « méchants » de la Bible, Caïn, Judas, Barabbas. Votre chanson sur les mages vous donne l’occasion de vous moquer de Marie et de son sein où il n’y a rien à téter — « mais Jésus tétait quand même… » Pourquoi cet iconoclasme à la limite du blasphème ?

Georges Chelon : — La chanson Gaspar, Melchior et Balthazar vient de ma lecture de Michel Tournier. J’aimais bien la Bible. C’est pour cela qu’il y a des chansons venant d’elle, mais sur le ton de la parodie. J’ai été marqué par les curés ! Je prends maintenant le contre-pied. Mais ils m’ont beaucoup marqué. Le père de Vallée, entre autres, plus le contexte familial, tout m’a entraîné à survaloriser le péché, la culpabilité. J’ai beaucoup pratiqué la confession vers l’âge de dix ans : on donnait trop d’importance au péché. Véniel, mortel ! On en voyait partout. Quelle sottise ! Cela a bousillé ma vie. J’en reste marqué pour toujours. Au milieu de mes études à Champollion, j’ai été viré, et on m’a mis au collège Saint-Louis à Lyon. Un établissement privé : encore des curés. Puis je suis revenu à Champo. Le départ de mon père avait été culpabilisant pour le garçon de six ans que j’étais.

Connerie !

Dans le substitut de père que pouvait être l’aumônier, je n’ai trouvé que l’aspect culpabilisant, et pas l’aspect de tendresse paternelle. Dommage. C’est ce qui apparaît dans ma chanson De silence en silence (datant de 1972 ; cf. encadré), où le PDV est bien l’aumônier en question 1. Mais il y a d’autres prêtres qui m’ont fait souffrir : le petit père Cottin, de la paroisse Saint-Luc, dans sa colonie à l’île de Ré, la nourriture manquait bien avant la fin ! Ma mère aussi était marquée par la religion ; et elle s’en servait pour m’éduquer, en l’absence de mon père. Elle veillait à ce que je dorme les mains sur le drap, par peur du péché !… J’ai vécu dans une obsession abominable. Jésus, après tout, on le sait aujourd’hui, a connu des filles.

La Cambuse : — Hum…

Georges Chelon : — D’ailleurs son histoire a été racontée cent ans plus tard, et on en a fait ce qui arrange la politique et la morale… Par réaction contre mon éducation, j’ai des enfants et une femme qui ne sont pas baptisés.

Croire en quelque chose, et la religion, c’est deux choses différentes. Jérusalem, j’y suis allé, quelle affaire ! Sûr qu’on y perd la foi. L’étable, c’est tout en marbre. Rien que des fous !

La Cambuse : — Vous croyez en Dieu, pourtant ?

Georges Chelon : — Oui, d’une certaine manière. Il y a un problème, celui de la mort. Quand on tombe du bout de la table — c’est la mort — ou bien on a conscience qu’on est mort, et la vie n’est pas finie, ou bien on n’a pas conscience qu’on est mort, et la vie n’est pas finie ! C’est d’une logique imparable ! Mais ce qui est inadmissible, c’est toute la notion qui tourne autour de Jésus, fils de Dieu. C’est des histoires pour les enfants. D’ailleurs, il n’a pas dit qu’il était fils de Dieu, et s’il l’a dit, c’est un fou. La foi, c’est une affaire de disposition physique. Tant mieux pour ceux qui y croient. Il y en a que cela soulage quand ils perdent un enfant.

La Cambuse : — Il y a en a, au contraire, que la perte d’un enfant détourne de croire !

Jésus n’est pas fils de Dieu

Georges Chelon : — À la messe d’anniversaire de la mort de ma mère, sur la Côte d’Azur, il y a quelques jours, j’ai vu une église remplie de gens d’extrême droite, en tenue de chasseurs, avec leurs couteaux. Ils chantent des chansons qui sont faites n’importe comment, et ils se mettent à s’embrasser sans se connaître : c’est n’importe quoi !

La Cambuse : — Et pourtant, vous ne pouvez pas être contre Jésus !

Georges Chelon : — J’ai de l’estime pour Jésus. Ceci dit, on a récupéré son message pour moraliser la société. Cela sert encore. Dans la vie, je me comporte à peu près selon les règles de la morale judéo-chrétienne…

 

Georges Chelon : — Oui, c’est une espèce de psychanalyse que l’on fait en public. Et en même temps, venir avec une guitare et parler de soi au public, c’est une exception française à ne pas laisser tomber, à sauver au même titre que le fromage ! Bien sûr, même quand je dis que je veux rompre avec les souvenirs, mes chansons restent largement autobio­graphiques. Quand je décide d’oublier le passé, il revient.

La psychanalyse par la chanson

La Cambuse : — En effet, il y a des chansons sur vos parents, sur votre première femme, Évelyne, avec qui vous avez vécu près de vingt ans, sur la fin de l’amour et le divorce, sur votre nouvelle compagne et son métier, sur votre petite Leslie : les titres même des chansons sont pris dans votre vie, et en même temps vous ne vous livrez pas beaucoup : vos chansons sont compréhensibles sans votre biographie, elles le sont plus encore lorsqu’on vous connaît un peu mieux…

Georges Chelon : — Je parle de moi, mais en même temps je reste très accessible. Je ne dis rien de compliqué. C’est un bon créneau, la chanson qui se comprend, sans noms propres ! Je fais parfois des animations dans les écoles. J’ai chanté, par exemple, en 3ème techno Père prodigue. C’est bien passé, mieux que MC Solaar, qui est compliqué à comprendre, qui est déjà obsolète. Alors qu’ils m’ont gobé… Et pourtant, les jeunes parlent comme dans les BD, par onomatopées et par expressions.

9

La langue française est foutue. La chanson française aussi, bien sûr. On ne chante déjà plus qu’en anglais. Plus de problème de langue, sauf qu’on n’est pas doué pour l’anglais...

La Cambuse : — Quels sont les secrets de votre art ?

Georges Chelon : — J’aime bien les mots, comme des puzzles, comme un jeu. Trouver le mot qu’il faut. Le maximum d’idées dans le minimum de mots. C’est ce que je faisais déjà dans mes dissertations ; mes profs disaient : « Développez ! », et je n’aimais pas le faire, soit par paresse, soit par discrétion et désir de suggérer seulement.

Le français est une langue approximative. C’est parfait pour les jeux de mots. On peut déplacer les mots. La prononciation joue son rôle. Dites par exemple : « Je vous demande pardon », sur différents tons. J’aime bien me moquer du jargon, comme celui de l’enseignement. Ma compagne est prof de gym ; dans sa discipline, le ballon est devenu « un principe rebondissant » !

Mais n’oubliez pas le rôle de la voix, de la musique : certaines chansons ne sont intéressantes qu’interprétées. Le mot prend corps alors. Ce n’est pas le cas chez Brassens, qui cherche la perfection du texte. Dans mon cas, les mots et le chant viennent ensemble. Je travaille à la guitare. Pas de brouillon, tout dans la tête. Quand ça sort, c’est entier... Après, je note. Puis je corrige. Je retravaille.

Paresseusement travailleur

Je suis besogneux. Je me force, je me contrains. Il faut se décider à écrire. On ne s’emmerde pas assez, avec trois enfants ! C’est quand on s’emmerde qu’on commence à travailler, et ça ressort. L’émotion vient quand on n’est pas guidé. Pas de notion du temps, pas de rigueur, pas de rythme de vie.

Écrire, c’est s’emmerder. Avoir du temps devant soi. Se faire chier. C’est comme une drogue… Les peuples heureux n’ont pas d’histoire : ils ne s’embêtent pas assez !

La Cambuse : — Vous pratiquez la chanson avec talent, vous avez tourné dans des films, et vous peignez aussi. Poète, artiste et peintre ?

Georges Chelon : — On dit que je suis un poète : un poète, c’est quelqu’un de mort, déjà ! Je suis un artisan, pas un artiste. Je ne suis artiste qu’en cela que je n’ai pas la sécurité de l’emploi. Quant à la peinture, c’est très dur. Mais j’en ai vendues, des toiles ! La chanson, c’est plus facile. La chanson, on voit où on veut aller. En peinture, difficile de voir ce que l’on va faire.

Je peins par défi. La peinture, ça doit jaillir. Quand une idée prend, il faut la suivre. Je voudrais avoir un atelier, pour être prêt quand vient l’idée.

La création, c’est une contrainte ! C’est rigide. Faire une chanson sans contrainte, c’est très fort. Le rêve ! Dans le rap, il y a moins de contraintes. Mais même les rappeurs se donnent des contraintes…

La Cambuse : — Êtes-vous toujours un chanteur « non-engagé » ? On dit que vous avez chanté à la fête de l’Huma… Avez-vous aussi participé à des disques « de solidarité » ?

Georges Chelon : — Je ne suis pas assez médiatique pour qu’on me demande de chanter pour l’Éthiopie ou pour la lutte contre le sida. Mais je vais aller chanter dans un hôpital pour enfants. Quant aux fêtes du PC ou de l’Humanité, ce sont les seules qui payent bien. Tout le monde les a faites ! Ce n’est pas une affaire d’enga­gement politique !… Mais qu’est-ce qu’on y bouffait mal !

C’est sur cette pirouette qu’il faut arrêter l’entretien : Chelon y est tout entier, lucide, déses­péré sans amertume, sauvé par l’humour, discret, sans prétention.

 

Bernard Berthier & Geneviève Le Hir (Coublanc)

Textes de Chelon : dans le recueil Paroles de chanteur ou sur le ouèbe.

Dernier disque : On rêve, on rêve, avec accompagnement de Didier Lockwood. Photo (ci-dessus) de Bruno Vallet.

Autres photos butinées sur le ouèbe, ou prises par moi. B.B.

"À Michel Fugain, j'ai préféré Georges Chelon, que j'ai eu dans les grandes classes, beaucoup plus fin et artiste que l'autre zèbre. J'ai gardé un souvenir excellent d'un exposé qu'il fit sur Berlioz, avec audition de disques (sur l'électrophone de Pittion). C'était au cours d'une heure d'instruction civique, rubrique qui permettait alors de faire ce qu'on voulait, et notamment un peu de culture artistique. Si vous avez gardé un contact avec lui, transmettez-lui mon estime durable."

Robert Bornecque (Corenc – 38)

 

1 Je dis à Chelon que le PDV se souvient de lui comme de quelqu’un de très gentil. — On dit cela de tout le monde. — Non, dis-je, le PDV est sincère. — Il se souvient de moi ? (étonnement intéressé). Le lendemain, nous rendons visite au PDV, et parlons encore de Chelon. Ndlr.

2 Nous constatons aussi la présence de jeunes de vingt à trente ans : les enfants qui ont été bercés par du Chelon sur le sein maternel !

De silence en silence

 

Venir au monde par hasard,

Grandir à côté de parents

Qui se brouillent et qui se séparent,

Quand vous n'êtes encore qu'un enfant.

Ne pas s'apercevoir du vide

Qu'il a laissé en s'en allant,

Et mettre innocemment les rides

De sa mère sur le dos des ans.

 

Se renfermer lorsque s'éveille

Ce corps qu'on ne vous apprend pas,

Qu'au lieu de vous pousser des ailes

Il ne vous pousse qu'une croix.

Entre l'aumônier du lycée

Et celle qui n'attendait que ça,

Vous avez perdu des années

Que vous ne rattraperez pas.

 

Vieillir au creux de son enfance,

Presque en cachette de la vie,

Mûrir de silence en silence,

Chaque jour, petit à petit,

Deviner avant de savoir

Savoir avant d'avoir compris

Comprendre et puis ne pas pouvoir

Être ce qu'on aurait envie.

 

Et puis cette autre déchirure,

Qui vous arrive en plein amour,

Comme un affront, comme une injure,

Et qu'on n'accepte pas toujours.

Votre moitié de rire, de peine

Et de souvenirs qui s'en va,

Cette autre partie de vous-même

Part vivre sous un autre toit.

                                               

Psy

 

Je me découpe en morceaux

De moins en moins gros

Et je me désagrège

Je fonds comme de la neige

J’suis toujours aussi lourd

Un manque d’amour

Et pourtant j’ai pas l’impression

D’être beaucoup plus mal

Qu’si j’étais bien.

 

C’est pas le cœur, Docteur

C’est pas la tête

C’est tout au fond de moi,

Dans un coin.

 

J’ai pas grand’chose à dire

Mais j’ai du mal à l’dire.

 

Parfois je lui confesse

Mes pauvres histoires de fesses

Ça me rappelle les curés

Les péchés

 

Les petits, les véniels

Les gros, les mortels

L’enfer, le paradis

Tutti quanti.

 

J’ai jamais aimé le Notre Père

J’ai toujours préféré Marie

J’en ai eu un dans l’temps

C’était la guerre depuis

Plus rien

Tant pis.